Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

« Sound of Freedom », le film sur la lutte contre la pédocriminalité qui galvanise les sphères complotistes

Le long-métrage d’Alejandro Monteverde sur la traite sexuelle des enfants est la surprise estivale du box-office américain. Inspiré de faits réels, mais contesté par les spécialistes, il est brandi par des figures complotistes proches de QAnon comme la preuve de l’existence d’un réseau plus profond.

Par 

Publié le 12 juillet 2023 à 20h00, modifié le 14 juillet 2023 à 23h27

Temps de Lecture 5 min.

Read in English

Article réservé aux abonnés

« Sound of Freedom », thriller d’Alejandro Monteverde inspiré de faits réels, raconte l’histoire d’un homme ayant quitté la police pour démanteler personnellement des réseaux pédophiles.

Aux Etats-Unis, c’est le succès inattendu du début de l’été. Le 4 juillet, date de la fête nationale américaine, le thriller à petit budget Sound of Freedom (« son de la liberté »), d’Alejandro Monteverde, a rivalisé dans les salles avec le dernier blockbuster de Disney, Indiana Jones et le cadran de la destinée, de James Mangold. Avec 41 millions de dollars (37,25 millions d’euros) de recettes en une semaine, il se classait déjà à la 25e place du box-office de 2023.

Cette fiction peu riante − le film parle de la traite des enfants – est inspirée de faits réels et a bénéficié d’un bouche-à-oreille inespéré, entre autres grâce aux réseaux et aux médias proches de la droite trumpiste, qui ont fait de la lutte contre les réseaux pédophiles l’une de leur raison d’être – au risque de nuire au combat, ô combien nécessaire, contre la pédophilie.

Infiltration de réseaux pédophiles

Sound of Freedom raconte le combat de Timothy Ballard, un agent spécial américain qui, après avoir sauvé un jeune Mexicain d’un réseau de traite d’enfants, quitte ses fonctions pour tenter de retrouver et délivrer la sœur de ce dernier.

Tim Ballard, incarné à l’écran par Jim Caviezel (La Passion du Christ, Person of Interest), est un militant des droits humains connu pour avoir fondé en 2013 OUR (pour Operation Underground Railroad, « opération “chemin de fer clandestin” »), un organisme à but non lucratif spécialisé dans l’infiltration de réseaux pédophiles en Amérique latine et aux Caraïbes. Le film, qui n’est pas un documentaire mais une fiction, raconte de façon romancée sa première opération, son infiltration de la mafia colombienne, en 2013.

L’organisation OUR est très populaire auprès de la droite conservatrice américaine, et le documentaire autoproduit par Tim Ballard, Opération Toussaint (2020), est distribué et promu en France par l’animateur Karl Zéro, très engagé dans la lutte contre la pédophilie. Pour autant, elle ne fait pas l’unanimité. Plusieurs enquêtes de presse ont épinglé la manière dont les opérations d’OUR sont mises en scène de manière flatteuse – l’organisme ayant même « une longue histoire d’assertions mensongères », selon Vice. Ces méthodes de justiciers alternant infiltration sous couvert et intervention musclée sont jugées parfois brusques et approximatives, voire d’« un amateurisme perturbant ».

« Le problème est que c’est très risqué pour les victimes », alertait en 2016 Anne Gallagher, fondatrice à l’ONU du Groupe interinstitutions de coordination contre la traite des personnes. Elle regrette surtout que leurs interventions spectaculaires, filmées en caméra cachée, ne s’accompagnent d’aucun suivi des victimes : « Ils entrent et ils repartent. Ils n’ont aucun moyen de suivre les victimes, aucun moyen d’évaluer l’impact de ce qu’ils font. »

Il vous reste 66.6% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.