Nutella, MAIF, Groupama, Monabanq ... la pub fuit les chaînes qui accueillent Zemmour

Plusieurs annonceurs refusent d’être associés aux émissions ou aux chaînes où travaille l’éditorialiste, à cause de ses propos polémiques. D’autres marques ont été interpellées sur les réseaux sociaux.

 Le discours d’Eric Zemmour lors de la « Convention de la Droite », le 28 septembre 2019, a conduit le parquet de Paris à ouvrir une enquête.
Le discours d’Eric Zemmour lors de la « Convention de la Droite », le 28 septembre 2019, a conduit le parquet de Paris à ouvrir une enquête. AFP/Sameer Al-Doumy

    La polémique Zemmour s'invite dans les campagnes de publicité des grandes marques. Ferrero, la MAIF, Groupama, et Monabanq ont décidé de ne plus être annonceurs de l'émission hebdomadaire de Paris Première « Zemmour et Naulleau », dont le nouvel épisode sera diffusé ce mercredi soir, a appris le Parisien.

    « Nous avons demandé à Paris Première d'exclure ce programme de notre liste de diffusion », a d'abord écrit Ferrero sur Twitter lundi, en réponse à la branche française du groupe Sleeping Giants.

    Une pub pour le Nutella avant l'émission

    Ce collectif se présente sur Twitter avec pour mission de « lutter contre le financement du discours de haine ». C'est lui qui avait interpellé la semaine dernière le groupe Ferrero, quelques jours après les propos polémiques d'Eric Zemmour tenus le 28 septembre lors de la « convention de la droite ».

    Le polémiste avait notamment fait un rapprochement entre islam et nazisme, et le parquet de Paris avait ouvert une enquête pour « injures publiques » et « provocation publique à la discrimination, la haine ou la violence ».

    Une publicité pour le Nutella, produit star de Ferrero, avait été diffusée sur Paris Première mercredi dernier, juste avant le début de l'émission « Zemmour et Naulleau ». « En aucun cas nous ne cautionnons les propos et prises de position de M. Zemmour. Nous avions effectivement un spot avant l'émission. Notre agence média ne connaissait ni le contenu ni la programmation au moment où elle a réalisé nos achats média avec Paris Première », a détaillé Ferrero dans son message.

    Les membres de Sleeping Giants ont interpellé plusieurs autres groupes qui disposent de campagnes de pub sur Paris Première, mais aussi sur CNEWS. Car le polémiste est pressenti pour animer un débat quotidien sur la chaîne info, même si les dirigeants de celle-ci semblent temporiser.

    Groupama et Monabanq retirent aussi leurs pubs

    Les marques Lipton, la MAIF, le Club Med, Groupama, Amazon, Mazda ou encore Monabanq, ont notamment été citées par Sleeping Giants.

    La MAIF a répondu vendredi dernier sur Twitter via un message adressé au « Mouvement », un autre collectif militant qui se dit « anti-raciste, féministe, écologiste et social ».

    « Notre campagne actuelle est maintenue jusqu'au 13 octobre, dans l'attente d'une position claire de CNEWS sur le sujet », y indique le groupe mutualiste, se disant « extrêmement attentif » à cette interpellation.

    Contacté par le Parisien, le groupe nous indique avoir également « exclu le programme Zemmour et Naulleau de [ses] futurs investissements sur la chaîne » Paris Première, tout en maintenant ses « achats programmés, effectués bien avant les événements récents ».

    Groupama nous informe de son côté avoir « retiré immédiatement ses publicités des chaînes où travaille ou pourrait travailler Eric Zemmour ». Le groupe nous a ensuite précisé que ce boycott concernait « les émissions d'Eric Zemmour et non pas les chaînes où [il] pourrait travailler ». Autrement dit, des pubs pour Groupama pourront toujours être diffusées en dehors des créneaux où le polémiste est présent à l'antenne.

    Monabanq, de son côté, « ne diffusera plus, à partir de ce soir, ses publicités sur les chaînes Paris Première et CNEWS durant les émissions d'Eric Zemmour », nous a annoncé l'enseigne.

    Également contactés, les autres groupes n'ont pas répondu au moment de la publication de cet article.

    Les annonceurs reviendront-ils ?

    Quelles que soient leurs décisions dans l'immédiat, il restera à voir quelle sera l'attitude de ces marques sur la durée, une fois que la polémique concernant les propos d'Eric Zemmour sera peut-être retombée.

    Le boycott de l'émission « Touche poste à mon poste » après l'affaire du canular homophobe en mai 2017, n'avait été que d'assez courte durée. Selon Checknews, moins d'un an et demi plus tard, la quasi-totalité des 60 annonceurs avaient repris leurs campagnes publicitaires dans l'émission de C8.